"Fontenay". L’origine du nom viendrait du toponyme "fontanetum" en référence au latin "fons" (fontaine). Il s’explique par les nombreuses sources ruisselant sur le territoire fontenaisien. Celui-ci est localisé sur le plateau de Châtillon, au flanc d’un coteau dont le point le plus bas se situe au niveau de l’église des Blagis (60 mètres) et le point le plus haut au Panorama (160 mètres). Historiquement, le village s’est développé dans une zone coïncidant avec une altitude intermédiaire (entre 100 et 125 mètres), laissant aux bois et aux cultures la base et le sommet. Ceci est confirmé par les traces de vie préhistorique retrouvées sur la commune.
De Fontenay-les-Bagneux...
Les premières mentions de Fontenay se retrouvent au XIè siècle : un hameau rattaché à Bagneux existe déjà sur une partie de l'emplacement actuel. Il est habité par des cultivateurs dont les terres appartiennent à diverses communautés ecclésiastiques. Le premier lieu de culte n'aurait été construit qu'entre 1270 et 1286. On désigne la nouvelle paroisse comme « les-Bagneux » ou « sous-Bagneux » puisque proche de la paroisse voisine plus ancienne. Certains historiens mentionneraient l'existence d'une chapelle (fin du XIème siècle) dont la reconstruction au XVIè ou au XVIIè siècle serait à l'origine de l’actuelle église Saint-Pierre-Saint-Paul.
...à Fontenay-aux-Roses
L’appellation « Fontenay-aux-Roses » (employée indifféremment avec "Fontenay-les-Bagneux" jusqu’à la Révolution de 1789) ne semble apparaître qu’en 1649 : une « Harangue à la Reyne » est signée par le curé de Fontenay-aux-Roses. On se plaint des « actes d’hostilités, sacrilèges, viols commis dans les lieux saints et maisons par les troupes Mazarines durant la Fronde » (Archives de Paris).
D’autres documents confirment ensuite la mention « aux-Roses ». Outre la volonté de différencier le village des autres "Fontenay" existants, elle s’explique par la faveur que connait la culture de cette fleur à Fontenay, notamment à partir du XVIIème siècle, au point de figurer sur le blason de la ville. La rose constitue alors la base de nombreuses potions médicamenteuses aux multiples vertus.
Dès 1521, certains actes signalent la culture de rosiers sur le territoire. De plus, des familles Fontenaisiennes passent des alliances avec les parfumeurs de la Cour de Versailles et le village acquiert le privilège exclusif de fournir en roses le Parlement de Paris. Mais la production de la fameuse rose de Provins ne suffisant plus aux besoins de la mode, Fontenay développe progressivement la culture de la rose du Bengale, d’un rouge intense. Les rosiers s’étendent essentiellement au nord de l’actuelle Fosse Bazin sur une espace baptisé "Plaine des Rosiers". Ce n’est pourtant pas la culture la plus ancienne de Fontenay.
XIè- XVIè siècle : Le règne de la vigne
Du Moyen-âge au XVIè siècle, la viticulture est la principale activité du village qui compte environ 250 habitants au XIIIè siècle. Sur un territoire marqué par la polyculture, la vigne précède l'agriculture (la culture du blé notamment) ou l'exploitation des carrières. Les abbayes ont développé le vignoble après avoir déboisé le territoire. Les vignes assurent une relative prospérité au village (pourtant décimé par la Guerre de Cent ans). Après la Révolution, les propriétés seront morcelées et c'est sur de petites parcelles que se développera la production d'un vin rouge à boire dans l'année (le « vert-jus »). Le vigneron doit un quart de la vendange au seigneur du fief (le « vignelage »), puis une série d'autres taxes en fonction de son activité : cellerage ou roulage (dépôt en cellier ou transport), vinage ou forage (vente en barrique ou en détail).
XVIIè – XVIIIè : Un lieu de villégiature
Après les troubles causés par la Fronde, le XVIIè siècle coïncide avec une période de relative prospérité due notamment au développement des pépinières. Fuyant l’expansion urbaine, les classes aisées de la capitale (commerçants, rentiers, avocats…) recherchent dans la campagne environnante des lieux de villégiature. Une nouvelle population s’installe à Fontenay : le médecin Guy Crescent Fagon (1638-1718), l’écrivain Paul Scarron (1610-1660), le théologien Antoine Arnauld (1612-1694), le libraire Denys Thierry,... Côtoyant peu les villageois, les riches arrivants font néanmoins profiter les habitants de leurs bienfaits. L’aspect du village change : l’habitat rural traditionnel doit désormais cohabiter avec de somptueuses maisons de plaisance. Si certaines ont disparu (le château Fagon, le château Devin, la maison du couple Suard, la maison du Docteur Petit, la future "Provençale"…), d’autres ont été relativement épargnées par les siècles : le Château Laboissière (1698) , le futur collège Sainte-Barbe. Tous ces bâtiments prestigieux ont été édifiés sur le coteau du village pour bénéficier à la fois d’une bonne exposition solaire et d'une utilisation optimale des sources.
1789-1830 : Des temps difficiles
En octobre 1789, la marche du peuple de Paris sur Versailles surprend Louis XVI alors en pleine chasse sur des terres situées entre Clamart et Fontenay (dont la Fosse Bazin).
Les Fontenaisiens (40 à 50 foyers) sont acquis aux idées révolutionnaires. Dans les cahiers de doléances (avril 1789), ils demandent la suppression des privilèges, l’unification de l’impôt, la réforme de la justice et de la propriété ecclésiastique mais aussi l'éducation. Deux ans avant le vote de la loi sur le divorce, le maire de Fontenay (nommé en 1790, année de la naissance de l’administration communale) prononce, de sa propre autorité, une séparation mutuelle. Destruction des titres féodaux, ventes des biens nationaux, certificat de civisme, suppression des symboles de la royauté, nouveaux modes d'élection, fermeture de l’église… face à la l’affirmation du peuple, les familles aisées s’effacent, respectant prudemment les transformations. Condorcet et le curé de la paroisse, Antoine Lartigue, feront pourtant partie des victimes.
Puis la défaite de l’Empire (1815) et l’occupation par les troupes étrangères plongent le village dans une misère durable (les enfants représentent alors jusqu'à 2/3 des décès). Le Bureau de Bienfaisance (créé en 1805) apporte un réconfort matériel appréciable en attendant les jours meilleurs.
1830-1870 : La mise en place des infrastructures
Passé le premier tiers du XIXè siècle, Fontenay-aux-Roses reprend progressivement son essor, comme en témoigne la multiplication des équipements : destruction et reconstruction de l’église Saint-Pierre-Saint-Paul (1832), construction de l’école publique (1835), inauguration du bureau de poste (1841), ouverture de la première gare de Fontenay (1846), déplacement du cimetière (1850) et édification de la Mairie (1860), ouverture de la bibliothèque (1866)... Les chemins ruraux sont progressivement élargis et pavés. La numérotation des rues se met en place. La population double en quelques décennies (2 386 habitants en 1866), accueillant toujours certaines personnalités : le peintre Pierre Bonnard (1867-1947), le futur Ministre de l'Instruction Victor Duruy (1811-1894), le photographe Pierre Petit (1831-1909) ...
Les rosiers sont définitivement arrachés à partir de 1855 pour céder la place à l’horticulture désormais plus rentable. Le souvenir des roses se perpétuera bientôt grâce aux Rosati.
1870-1914 : De l’occupation prussienne à la "Belle Epoque"
En 1871, la défaite de Sedan et le siège de Paris provoquent l’évacuation presque totale de Fontenay. Les habitants se réfugient dans la capitale. Le Conseil municipal est accueilli dans les locaux parisiens (rue de Sèvres) d’Aristide Boucicaut, propriétaire du Bon Marché, résident Fontenaisien, conseiller municipal et généreux donateur (permettant l'installation de l'Hospice Boucicaut).
La Commune de Paris impitoyablement écrasée et la paix revenue, le Fort de Châtillon est édifié afin de protéger Paris de toute nouvelle occupation étrangère et de contrôler les sursauts révolutionnaires de la capitale.
A l’orée du XXème siècle, les vignes fontenaisiennes ne résistent pas au phylloxera et aux progrès des transports qui font abonder un vin de meilleure qualité et moins cher en Ile-de-France. La Saint-Vincent (patron des vignerons), l’une des fêtes traditionnelles du village, s’éteint par la même occasion.
Apparition des tramways (1877), développement du centre-ville historique, poussée démographique, ouverture de l’Ecole Normale (1880) et de l'Asile Ledru-Rollin (1892) : Fontenay passe lentement du statut de simple bourg à celui de ville d’une banlieue parisienne naissante. Cependant, l’endroit demeure un espace de villégiature recherché (le château Boucicaut, la Villa Normande, la Villa Thouvenel, la Villa Renaissance) et plébiscité par de nombreux artistes ou hommes de lettres (dont Joris-Karl Huysmans ou Léon Bloy) La mobilisation de 1914 brise ce bel élan.
1914-45 : D’une guerre à l’autre
Au soir du 11 novembre 1918, le bilan est terrible pour les familles fontenaisiennes : au moins 146 hommes morts au combat, 15 autres succombant à leurs blessures après la victoire. Le monument aux morts, inauguré en 1922, rappelle le souvenir de ces sacrifiés.
L’entre-deux-guerres offre un court répit. Dans une ville verdoyante émergent un nouveau clocher (celui de l’église des Blagis) et de nombreux pavillons, mais aussi, plus surprenant, l’Ecole Roumaine. Un projet de cité-jardin est même un temps envisagé aux Saints-Sauveurs.
Pendant la guerre de 1939-45, la Résistance s’organise à Fontenay en liaison avec Sceaux et Bourg-la-Reine. De nombreux habitants vont périr au combat ou sont déportés : Gaston Sansoulet (déporté à Auschwitz) ; Pierre Letourneau et son épouse (déportés à Ravensbrück), Georges Bailly,Laure Diebold, Boris Vildé, Jean Lavaud, Jean-Noël Pelnard, Maurice Philippot, Raymond Croland, René Vauthier, Robert Marchand, Auguste Lemaire, René Isidore. Des élèves ou d'anciennes élèves de l'Ecole Normale également.
1945-1975 : Densification urbaine et explosion démographique
A la Libération, tandis que la ville trouve un rayonnement international avec l’installation du C.E.A., une politique de construction énergique est mise en place à partir des années 1950 : la population fontenaisienne triple en 20 ans (passant de 8 418 en 1954 à 25 596 en 1975). Ce choix est à replacer dans le contexte de pénurie de logements propre à la banlieue parisienne de l’époque. Plusieurs ensembles immobiliers sortent alors de terre : HLM du Moulin Vert (1956), les Buffets (1959), les Paradis (1960), Toit et Joie (rue André Salel, 1963), le projet Anjou (à partir de 1966)... Divers équipements sont réalisés parallèlement (l’école de la Roue en 1964, la salle des fêtes en 1965, le terrain de sport du Panorama en 1969). Une autoroute (l’A 10) devant emprunter l’ancien tracé du projet Paris-Chartres est même programmée avant d’être abandonnée…
1976-à nos jours : Pour une meilleure qualité de vie
A la fin des années 1970, le nombre d’habitants se stabilise progressivement. Quelques opérations d’urbanisme permettent notamment de rénover le centre-ville : restructuration du passage Letourneau (1982), création du square Pompidou (1984), achèvement de la ZAC de l’Eglise (1992). Des équipements sont crées (le Centre Municipal de Santé, la chapelle Sainte-Rita) ou rénovés (le Château Laboissière en 1980, le château Sainte-Barbe en 2000.
Un temps projeté en surface, le passage souterrain du TGV sur le tracé du projet Paris-Chartres, permet le développement de la Coulée Verte. En liaison avec 8 autres communes, une piste cyclable et des espaces de loisirs sont mis en place dans des espaces verts. Un retour aux sources en quelque sorte.