Au XXe siècle, la banlieue sud reste longtemps sous-urbanisée. Épargnée par la grosse industrie, elle conserve un aspect rural jusque dans les années 1960. Malgré les difficultés de logement, les artistes choisissent Fontenay comme lieu de résidence principale, et même parfois comme dernière demeure puisqu’ils sont nombreux à reposer dans le cimetière communal.
BONNARD Pierre (1867-1947)
Né à Fontenay-aux-Roses, Pierre Bonnard, futur peintre des Nabis, a vécu au 17, de la rue d’Estienne d’Orves durant ses trois premières années. Il n’a jamais représenté sa ville natale dans ses œuvres mais grâce à lui, le nom de « Fontenay-aux-Roses » figure sur les cartels de nombreux musées du monde entier.
Ci-contre, l'acte de naissance de Pierre Bonnard (AMFaR)
BURY Pol (1922-2005)
Né en Belgique, Pol Bury entre à l’Académie des Beaux-Arts de Mons en 1938. En 1945, il expose ses premiers tableaux surréalistes dans une galerie de Bruxelles avec, entre autres, Hans Arp, Giorgio de Chirico, Max Ernst et René Magritte. Dans les années 1950, il abandonne la peinture de chevalet pour des œuvres mobiles inspirées par le travail d’Alexander Calder. De 1961 à 1965, il vit au 24, rue Guérard (propriété de sa compatriote Mademoiselle de Hoorne). Dans son atelier de moins de 10 m2 construit dans le jardin, il poursuit son travail en trois dimensions. Sa renommée grandit. Il représente à la Belgique à la Biennale de Venise et expose à New York. En 1968, il expose ses œuvres à la Galerie Maeght. En 1976, il conçoit une première sculpture hydraulique (pour la Fondation Maeght). D’autres suivront notamment pour le musée Guggenheim de New York , les jardins du Palais Royal à Paris ou les Jeux Olympiques de Séoul (1988).
DECŒUR Émile (1876-1953)
Émile Decœur installe son atelier au 4, rue de Clamart (rue André Salel) vers 1909. Cet ancien élève d'Edmond Lachenal est alors déjà reconnu dans le monde artistique : ses œuvres (notamment ses vases) ont été célébrées dès l'Exposition Universelle de 1900. Sa venue à Fontenay coïncide avec une volonté de cesser toute collaboration et de travailler seul. En utilisant différents procédés (parfois oubliés), il va apporter sa contribution à différents styles, passant notamment de l'Art Nouveau à l'Art Déco. Son savoir-faire lui permet de fournir des modèles à la Manufacture de Sèvres avant d'en devenir le conseiller artistique en 1942. Celui qui avait arrêté ses fours en 1940 afin de ne pas travailler pour l'occupant s'est éteint dans l'oubli mais il reste une référence pour les céramistes contemporains. Il repose au cimetière communal (15e division).
Pour en savoir plus : Enquête sur le four d'Émile Decœur (pdf)
Ci-contre : Inauguration de la plaque Emile Decoeur au 4 rue André Salel en 1982 avec Mme Decoeur et le Maire Jean Fournier (AMFaR)
DEFONTE Edmond (1862-1948)
Né à Paris, Edmond Defonte est recensé à Fontenay à partir des années 1920. Il est l'élève de Paul-Joseph Blanc (1846-1904), de Diogène Maillart (1840-1926) et d'Émile Renard (1850-1930). Cet habitant du 8, place de la Mairie est d'abord un portraitiste et un peintre de composition à personnages : il aimait plus particulièrement représenter les enfants : « La balançoire », « Fillette nourrissant les lapins », « Un petit Polisson »... Il a été sociétaire du Salon des Artistes Français de 1889 à 1938. Sa sépulture est au cimetière communal (8e division).
Ci-contre : La Convalescente par Emile Defonte.
DELATTRE Jean-Alexandre (né en 1935)
A l’origine ferrailleur à Châtillon, Jean-Alexandre Delattre est un sculpteur autodidacte. Inspiré par des matériaux de récupération ou par des éléments neufs, il a notamment donné naissance à de nombreux personnages en fer. Fontenaisien durant les années 1980 et 1990, il a laissé une œuvre sur la Coulée Verte Inaugurée en 1991. Elle présente une histoire du monde en entremêlant animaux, végétaux et humains.
Ci-contre : "L'histoire du monde" par Jean-Alexandre Delattre (crédit photo : E.Infanti)
DESCARGUES Olivier (1953-2009)
Poète, traducteur du finnois, interprète et photographe, Olivier Descargues a exposé en France, en Espagne, au Japon, au Togo. Il a aussi décoré un hôtel à Barcelone, une école au Japon et ses photos ornent les murs d'une bibliothèque au Togo.
Ses expositions, "Les Fêtes de Barcelone", "Vu à Barcelone", "Le Dôshinkan, école de karaté", "Fruits et légumes", "Sortie de Chaos", ont été présentées à Fontenay-aux-Roses, Paris, Barcelone, Tokyo, Lomé (Togo).
"Fontenay-aux-Roses, ma ville", acquise dans sa totalité par la Bibliothèque municipale de Nobeoka (Japon) où elle fut présentée en 2002, fut prolongée en raison de son succès, souligné dans la presse japonais. En 2011, il a fait partie de l'exposition "Descargues, trois générations : Etienne Pierre Olivier", présentée à la Médiathèque de Fontenay-aux-Roses. Ses œuvres se trouvent également au musée des beaux-arts Hiekka à Tampere (Finlande).
Diem Phung Thi (1920-2002)
Installée à Fontenay-aux-Roses en 1985, cette artiste vietnamienne propose notamment des sculptures jouant sur les rondeurs et la symétrie comme celle qui est conservée dans le jardin intérieur de la Mairie. Son travail situé entre la pensée orientale et la modernité occidentale incite au recueillement et à la méditation. Depuis avril 2018, sa ville d’origine Hué, où elle est retournée vivre en 1993, abrite la fondation d’art contemporain Diem Phung Thi.
Ci-contre : œuvre dans le patio de la mairie par Diem Phung Thi (crédit photo : E.Infanti)


DULAC Luce (1932-2019)
Après des études littéraires et d'histoire de l'Art à l'école du Louvre, Luce Dulac (de son vrai nom France Nardin) s'est très tôt consacrée à l'écriture poétique. Sociétaire des Poètes français et de l'Académie de la poésie française, elle a été présidente fondatrice du Cercle poétique de Fontenay-aux-Roses à partir de 1985 et présidente d'honneur du club. Elle a reçu de nombreux prix dont la Plaquette d'or du mérite poétique en 2003 décernée par l'Académie de la Poésie française.
Six ouvrages poétiques ont été publiés (A coeur ouvert (1985), Le Chasseur de nuages (1990), Rêve au fil des mois (1995), L'Âme des mots (2004), Jusqu'au sel sur mes lèvres (2008) et L'autre regard (2013)).
Lire les poèmes :
ERNST Rudolph (1854-1932)
Né en Autriche, Rudolph Ernst est formé à l'Académie de peinture de Vienne. Il gagne Paris en 1876. D'abord intéressé par les scènes de genre, il se spécialise dans les scènes orientalistes à partir de 1885. Grand voyageur, il élabore ses tableaux à partir de croquis pris sur le vif mais aussi en se documentant dans la presse illustrée. Il s'installe à Fontenay vers 1901 où il fait construire au 17, rue du Plessis-Piquet [Boris Vildé] un pavillon avec une verrière connu sous le nom de « Maison Orientale » qui existe toujours. Il repose dans la 17e division du cimetière communal.
Ci-contre : Autoportrait (non daté). Collection particulière
EXTER Alexandra (1882-1949)
Née à Kiev, Alexandra Exter émigre dans le quartier de Montparnasse en 1908. Artiste confirmée, elle a alors déjà exposé à plusieurs reprises dans sa ville natale et à Saint-Petersbourg. En plus des tableaux classiques, elle conçoit des costumes et des décors de théâtre notamment pour les Ballets russes. Cette figure de l'avant-garde russe arrive à Fontenay en 1928 (recensée au 86, rue du Docteur Soubise en 1936 puis au 29, rue Boucicaut en 1946). Elle est inhumée dans le cimetière communal (21e division).
Ci-contre : Alexandra Exter (sans date)
FOUJINO Paul (1925-1982)
Paul Foujino quitte le Japon en 1953 pour s'établir à Paris. Il est accueilli par le peintre abstrait Joseph Lacasse qui va profondément l'influencer. En 1962, il s'installe à Fontenay dans un atelier de Jean-Pierre Laurens (140, rue Boucicaut). L'année suivante, il révolutionne sa manière de peindre en introduisant du papier collé dans sa peinture. Sa première collaboration avec l'architecte Paul Chemetov date de 1965. Il décède en 1982 au 7, rue Jean Jaurès.
Ci-contre : Catalogue de l'exposition organisée à Fontenay-aux-Roses en 2007
KLEIN Yves (1928-1962)
Yves Klein est un artiste de renommée internationale. Il a eu tout un parcours à Fontenay-aux-Roses. En 1931, ses parents, les peintres Fred Klein et Marie Raymond, s'installent dans un pavillon de la rue d'Estienne d'Orves. Sa fulgurante carrière artistique a été suivie par le critique d'art fontenaisien Pierre Descargues qui lui a consacré plusieurs publications. Ceinture noire de judo, Yves Klein fréquente aussi le Judo-Club Olympic de son disciple Jean Vareille rue Gentil Bernard. C'est de cet endroit qu'il imagine son « Saut » dans le vide. En octobre 1960, il choisit le pavillon du numéro 5 pour réaliser le fameux Saut immortalisé par les photographes Harry Schunk et John Kender. L'œuvre, publiée le 27 novembre 1960 dans un journal entièrement conçu par l'artiste « Dimanche, le journal d'un jour » a, depuis, fait le tour du monde.
Ci-contre : la plaque Yves Klein dans la rue Gentil-Bernard (crédit photo : E.Infanti)
Pour en savoir plus : Le Saut d'Yves Klein
LAPRADE Pierre (1876-1931)
Né à Narbonne, Pierre Coffinhal-Laprade reste 8 jours à l'École des Beaux-Arts avant d'adopter une démarche autodidacte. Vers 1900, et à son grand étonnement, il vend une de ses toiles à Ambroise Vollard, crée avec d'autres artistes le Salon d'Automne (1903) et entreprend différents voyages très formateurs en Italie. Engagé volontaire en 1914, il termine le conflit avec la Croix de Guerre puis s'établit à Fontenay au début des années 1920 : d'abord au 14, rue de Bagneux [rue Marx Dormoy] puis au 7, rue Boucicaut dans la maison quasiment mitoyenne de l'École Normale. Ses œuvres (dont une série d'églises et de cathédrales) sont aujourd'hui au Petit Palais et au musée du Luxembourg. Il repose au cimetière communal (16e division).
Ci-dessous : La maison Laprade, place du château Sainte-Barbe, en 2002 (photo Gaston Coeuret)
LARIONOV Michel (1881-1964)
Michel Larionov s'est éteint au 1, rue Jean Jaurès deux années après sa compagne Natalia Gontcharova. Depuis leur rencontre en 1898 à l'Académie de peinture de Moscou, ils avaient un parcours artistique hors du commun : premières expositions qui provoquent l'intervention de la police, publication du manifeste rayonniste (1909), fondation du groupe du Valet de carreau (avec la fontenaisienne Alexandra Exter), rencontre avec Diaghilev et les Ballets Russes... Une partie de ses œuvres est conservée à la galerie d'État Tretiakov à Moscou.
Ci-dessous : La maison de repos du 1 rue Jean Jaurès dans laquelle s'éteignit Michel Larionov en 1956. AMFaR
LAURENS Jean-Pierre (1875-1932)
Jean-Pierre Laurens s'est installé au fond de l'allée débouchant au 140, rue Boucicaut vers 1920. Il sort alors de plus de quatre années de captivité dans le camp allemand de Wittemberg. Ces années d'après-guerre sont celles de la maturité : il confirme ses talents de portraitiste et devient chef d'atelier à l'École des Beaux-Arts. En 1928, le cardinal Verdier réalise son rêve en lui confiant la décoration de l'église Notre-Dame-du-Calvaire de Châtillon. Mais Jean-Pierre Laurens ne pourra réaliser que des esquisses de son projet : il succombe d'une crise cardiaque le 23 avril 1932. Son épouse Yvonne, née Diéterle, et ses élèves réaliseront les peintures entre 1935 et 1962.
Ci-dessous : Une vue de Notre Dame du Calvaire, la chapelle de Châtillon décorée par Jean-Paul Laurens, son épouse et ses élèves
LAURENT Ernest (1859-1929)
Né à Gentilly et décédé à Bièvres, Ernest Laurent a fortement été influencé par les impressionnistes dont il va reprendre les techniques. Ami de Seurat, ce peintre profondément religieux reçoit le prix de Rome en 1889. Il est spécialisé dans les portraits féminins lorsque l'on retrouve sa trace dans les registres d'état civil de Fontenay-aux-Roses : en 1899, père d'un petit Laurent, il est domicilié ruelle du Val Content. Parmi les témoins consignés sur l'acte de naissance figure l'artiste fontenaisien Raphaël Collin (1850-1915). C'est à la même époque qu'il peint quatre panneaux pour l'amphithéâtre de la Sorbonne. Il sera élu à l'Académie des Beaux-Arts en 1919.
Ci-contre : Ernest Laurent, collection particulière
LAURENT Sébastien (1887-1973)
Né à Nancy, Sébastien Laurent est le légataire universel de Raphaël Collin. Il est aussi et surtout un artiste qui a officié à la Banque de France. Il est rentré dans cette institution suite à ses blessures contractées durant la Première Guerre mondiale. De fait, ses œuvres les plus visibles sont surtout les billets de banque qu'il a dessinés pour la République Française (le billet de 5 000 francs « Terre et mer », 10 000 francs « Génie Français », 1 000 francs « Athéna », 500 francs « La Paix »...) mais aussi pour de nombreuses colonies. Sébastien Laurent habitait 23/25, rue Jean Lavaud à l'emplacement de l'actuel « Résidence du peintre » et ancienne adresse de Raphaël Collin. Il est inhumé près de lui dans la 12e division du cimetière.
Pour en savoir plus : Un Fontenaisien à la Banque de France (pdf)
Ci-dessous : Billet de 500 francs de 1942 dessiné par Sébastin Laurent. Au recto, il a représenté le profil de ses 2 enfants. AMFaR
LÉBÉDEFF Jean (1884-1972)
Jean Lébédeff est l'un des plus importants graveurs sur bois du XXe siècle. Issu d’une famille d'agriculteurs russes, il quitte son pays en 1908 pour échapper à la répression tsariste. Après un passage à Bruxelles, il s'installe à Paris, prend des cours de dessins et est reçu aux Beaux-Arts. Le maître graveur Paul Bornet l’initie à la xylographie. À Montparnasse, il fréquente Picabia, Maïakovski, Ravel, Pierre Mac Orlan, Éric Satie, Blaise Cendrars, Soutine, Modigliani, André Salmon. Il est également proche du mouvement libertaire russe. À la fin des années 1920, il s’installe à Fontenay-aux-Roses (19, avenue du Maréchal Leclerc). Lébédeff travailla sur des centaines d'ouvrages, aujourd'hui recherchés par les bibliophiles. Il a aussi collaboré au Livre de Demain, l’ancêtre du Livre de Poche, dont il illustra 26 des 295 titres.
Ci-contre : Carte de voeux de 1959 de Jean Lebedeff. AM FaR
LE CHEVALLIER Jacques (1896-1987)
Formé à l'École des Arts Décoratifs de Paris, Jacques Le Chevallier débute son activité de maître-verrier avec Louis Barillet (1880-1948), le théoricien du vitrail moderne en France. Fontenaisien depuis 1927, il ouvre son atelier rue Joseph Le Guay en 1946. Ses vitraux se retrouvent dans de nombreux lieux de culte en France (cathédrales de Paris, Troyes, Soissons, Basilique du Sacré Cœur; églises Saint Paterne à Orléans, Saint Étienne à Strasbourg, Saint Martin à Colmar...) ou à l'étranger (Luxembourg, Suisse, Allemagne...). Également peintre et graveur, Jacques Le Chevallier a exposé des aquarelles (1938) et des tapisseries (1939) au Petit Palais. Il a aussi travaillé avec l'architecte Robert Mallet-Stevens. Enfin, ses vitraux sont visibles dans les deux églises fontenaisiennes, Saint Stanislas des Blagis et Saint Pierre - Saint Paul. Il repose au cimetière communal (35e division).
Ci-contre : Vitrail de Jacques Le Chevallier non localisé. AM FaR
LÉGER Fernand (1881-1955)
Quand, au printemps 1921, Fernand Léger (1881-1955) s'installe 36, rue du Plessis-Piquet [devenue rue Boris Vildé en 1944], il est déjà un artiste consacré : il a collaboré avec Modigliani, Robert Delaunay, Blaise Cendrars... Il a côtoyé Picabia, Marie Laurencin, Apollinaire, Max Jacob... Récemment marié à sa marraine de guerre, Jeanne Lohy (1885-1950), le couple a choisi Fontenay-aux-Roses (5 105 habitants) qui offre un double avantage pour le natif d'Argentan : le lieu est à la fois ville et campagne. Il est aussi desservi par la ligne de tramways n°86 qui dépose l'artiste (réfractaire à l'automobile) à deux pas de son atelier de la rue Notre-Dame-des-Champs (Paris 6e). Dans sa maison fontenaisienne, Fernand Léger reçoit différentes personnalités du monde de l'Art dont l'un de ses plus grands soutiens et le plus fameux marchand d'art du XXe siècle, Daniel-Henry Kahnweiler (1884-1979). Nul doute que le village et son petit pavillon, avec son jardin en pente qui remonte vers le sentier de Bellevue, ont inspiré le travail de l'artiste notamment dans sa série des « paysages animés » ou dans certaines de ses toiles de 1922. En 1928, le couple Léger n'est plus à Fontenay-aux-Roses.
Pour en savoir plus : Fernand Léger (pdf)
Ci-dessous : Rue du Plessis-Picquet vers 1930. A gauche avec le garage, la maison habitée par Fernand Léger quelques années auparavant. AMFaR
LETOURNEUR René (1898-1990)
Né à Paris, René Letourneur intègre l'École des Beaux-Arts en 1916. Grand Prix de Rome en 1926, il obtient avec son ami Jacques Zwobada (1900-1967) le premier prix du concours pour l'édificationà Quito (Équateur) d'un monument à Simon Bolivar. L'œuvre est conçue sur un terrain fontenaisien situé rue Gambetta. C'est aussi sur ce lieu que René Letourneur construit sa maison après la livraison du monument. Répondant souvent à des commandes d'institutions, certaines de ses œuvres sont dans les lieux publics : bas-reliefs au Théâtre de Suresnes (1935), monument Jean Jaurès à Albi (1939), Monument aux Morts à Alençon (1954), figures monumentales sur le nouveau pont du Pecq (1964), Haut-relief pour un groupe scolaire à Poissy (1971)... René Letourneur a aussi appliqué une de ses techniques de gravure sur pierre sur sa propre sépulture visible dans la 24e division du cimetière.
Ci-dessous : Groupe en pierre représentant une mère et son enfant de René Letourneur à l'entrée du Groupe Scolaire de la Roue vers 1966. AM FaR
NOLL Alexandre (1890-1970)
Ami de Jacques Prévert, de Jacques Audiberti et de Jean Giono, Alexandre Noll fut un sculpteur reconnu dès les années 1950 grâce à des œuvres uniques façonnées en taille directe dans différents bois. Il avait déjà participé à plusieurs expositions internationales et travaillé pour de nombreuses personnalités (dont Paul Poiret ou Pérugia). Aujourd'hui, ses réalisations atteignent des sommes records dans les ventes aux enchères. Sa présence à Fontenay est due à sa future épouse. Recherchant à s'établir à la campagne, elle avait emprunté un tramway jusqu'à son terminus : Fontenay-aux-Roses - Mairie. Alexandre Noll y a vécu un demi-siècle.
Pour en savoir plus : Le sculpteur Alexandre Noll
ORY-ROBIN Blanche (1862-1942)
Pour Blanche Ory-Robin, une aiguille valait un pinceau. Bien que peintre-paysagiste, ce fut surtout par ses tapisseries qu’elle connut la notoriété.
Installée au 24, route de Bièvre (avenue du Général-Leclerc) depuis les années 1910, elle demeura jusqu’à la fin de sa vie dans ce cadre champêtre qui reflétait ses propres compositions (nuages, lys, tournesols…).
Certaines de ses œuvres furent conservées de son vivant au musée du Luxembourg et aux Arts Déco. Depuis quelques années, son travail est aussi entré au musée d’Orsay. A Fontenay-aux-Roses, elle œuvra notamment pour la famille Bellenand dont l’imprimerie était située un peu plus bas dans la rue.
Ci-contre : La route de Bièvre vers 1910. La maison habitée par Blanche Ory-Robin est située complètement à droite. (c) AM FAR Fonds Luxuan
POINT Raphaël Maurice (1875-1953)
Natif de Saint-Quentin comme Maurice-Quentin Delatour (1704-1788), Raphaël Maurice Quentin Point porte l'un des prénoms de son peintre préféré. Il a aussi fréquenté les cours de l'école fondée par son illustre devancier et sera connu dans le monde des arts sous le nom de Maurice-Quentin Point. Arrivé à Paris, il suit les cours du fontenaisien Raphaël Collin qui l'amène probablement à s'installer au 22, rue Durand Benech. Peintre, pastelliste, lithographe, ce nordiste a notamment dessiné l'affiche des Rosati de 1931 (avec la géante Rosine). Ses œuvres sont conservées au musée de Saint-Quentin.
Ci-contre : Raphaël Maurice Quentin Point devant sa maison de la rue Durand Benech. AMFaR
RIGAL Edmond (1902-1996) et RIGAL Jacques (1926-1997)
Sorti major de l'École Estienne (1917-1922), Edmond Rigal installe son atelier à Fontenay en 1927. Spécialiste de la gravure en taille douce (Meilleur ouvrier de France en 1927), il enseigne à Paris puis à Fontainebleau (jusqu'en 1984) tout en poursuivant une œuvre saluée notamment par Philippe Soupault et André Malraux. Son fils, Jacques Joachim Jean Rigal commence la gravure à l'âge de 4 ans et recueille les encouragements d'André Malraux. À 10 ans, il expose au Salon d'Automne. Après s'être consacré à la gravure en noir, au dessin et à la peinture, c'est à partir de 1950 qu'il crée des gravures en couleur. Célébré pour sa maîtrise des couleurs, JJJ Rigal a réalisé plus de 700 estampes mais aussi des aquarelles, des peintures, des lavis, des bronzes... salués lors de multiples expositions en France et à l'étranger. Ce voisin de Paul Léautaud (rue Guérard) a aussi travaillé avec de multiples artistes dont Bernard Buffet, Marc Tolbey et Salvador Dalí. Edmond et JJJ Rigal sont inhumés dans le cimetière communal (1re division).
Ci-dessous : la plaque Rigal au 19 rue Guérard (crédit photo : E.Infanti)
THINOT Lucien (1905-1985)
Né à Fontenay, Lucien Thinot débute comme apprenti à la fonderie Dupuis de Châtillon à l'âge de 13 ans avant de poursuivre sa formation dans les fonderies parisiennes. En 1928, il intègre la fonderie Rudier qui travaille pour le musée Rodin mais aussi pour des orfèvres comme Boucheron ou Chaumet... Le fondeur fontenaisien réalisera pendant deux décennies des moulages au sable pour le musée situé rue de Varennes. En 1948, il crée sa propre fonderie (où son fils Pierre le rejoindra) d'abord à Paris puis, à partir de 1974, à Châtillon (avenue de la République). Lucien Thinot, qui a travaillé avec certains grands sculpteurs du XXe siècle (dont Giacometti, Maillol et Belmondo), a obtenu le Grand Prix du Président de la République pour les métiers d'art en 1978. Il habitait rue des Roses. Sa sépulture est dans la 2e division du cimetière communal.
THINOT Pierre (1926-2018)
Résident Fontenaisien, Pierre Thinot a poursuivi l’œuvre de son père châtillonnais à partir de 1985. Il fut notamment l’un des derniers à perpétuer la tradition du moulage au sable. Les plus grands artistes du XXe siècle firent appel aux services de son atelier chatillonnais (Richier, Arman, César…) tout comme de prestigieuses institutions (l'Hôtel de la Monnaie, le musée des Arts Décoratifs, le Centre Georges Pompidou…). L’atelier a fermé en 2010. Pierre Thinot est inhumé dans la 17e division du cimetière communal.
THOMPSON Michel (1921-1987)
Célébré par le philosophe Edgar Morin, le peintre Michel Thompson est né au 7, rue Briant. Malgré une mère artiste, il se lance tardivement dans la peinture. Il intègre la Grande Chaumière en 1944 où il se lie avec Paul Rebeyrolle, Bernard Buffet, Michel de Gallard. À partir de l'année suivante, il expose au Salon des Indépendants puis aux cotés de Matisse et Bonnard à la galerie Maeght. En 1949, après avoir abandonné l'abstraction pour la figuration, il s'installe à la Ruche (cité d'artistes dans le 15e à Paris). Sa première exposition personnelle a lieu en 1954. Ses thèmes s'étendent aux natures mortes et scènes d'intérieur et d'extérieur. En mai 1968, il abandonne la peinture et devient brocanteur aux puces de Saint-Ouen jusqu'en 1975 où il reprend les pinceaux. Durant les années 1980, il privilégie le dessin et les collages. En 1999, la galerie Basset lui a consacré une première grande rétrospective.
TOUSSAINT Maurice (1882-1974)
Né au 10, rue du Plessis-Piquet [Boris Vildé], Maurice Toussaint est le fils du graveur Henri Toussaint (1849-1911). Plus particulièrement spécialisé dans les uniformes militaires, il a illustré de multiples ouvrages sur les armées de l'Ancien Régime et du XIXe siècle. Il a aussi illustré de nombreuses campagnes d'affichage (emprunt national, recrutement pour les troupes coloniales, publicités pour certains réseaux ferrés...) et illustré des romans policiers ou historiques.
ZWOBADA Jacques (1900-1967)
C'est le projet de monument de Bolivar à Quito qui fit s'installer Jacques Zwobada rue Paul Langevin en 1929. Sculpteur déjà reconnu, il est nommé professeur à l'École des Arts Appliqués (1935). En 1948, détaché par le Ministère des Affaires étrangères, il devient jusqu'en 1950 le conseiller artistique du gouvernement vénézuélien. À partir de 1956, il commence à élever un monument funéraire dans le cimetière de Mentana (près de Rome) pour son épouse disparue. Sculpteur de nombreux bustes, il a aussi confectionné des œuvres monumentales (mosaïques à la faculté de Rennes ou sur le paquebot France). En 1963, il a reçu la Légion d'Honneur pour l'ensemble de son parcours.