Le XIXe siècle marque un tournant. Le développement des transports et certaines décisions politiques (annexion des communes suburbaines par Paris en 1860) rapprochent Fontenay-aux-Roses (2157 habitants en 1861) de la Ville lumière. Dans le même temps, les paysages franciliens deviennent une source d’inspiration, notamment les zones ouest et sud qui sont moins marquées par l’industrialisation.
COLLIN Raphaël (1850-1916)
Ignoré dans son pays natal, Raphaël Collin est reconnu et même célébré au Japon. Ce décalage s'explique par le fait qu'il a formé certains artistes qui sont aujourd'hui considérés comme les pères de la peinture moderne japonaise (Kuroda, Kume, Okada...). Raphaël Collin s'était installé à Fontenay au début des années 1890. En face de l’une de ses maisons, ruelle des Marinières, il possédait un jardin qui lui servait, en été, d'atelier de plein air et où il cultivait des végétaux « exotiques » (orchidées, pivoines, lys...) et recevait ses élèves. Sur l'insistance de la municipalité, il a aussi décoré l'actuelle salle des mariage de la Mairie mais les 12 panneaux de sa peinture murale furent arrachés en 1979. Il est inhumé dans le cimetière communal (12e division).
Pour en savoir plus : Raphaël Collin et ses élèves témoignent (pdf)
Ci-dessus : La salle des mariages de Fontenay avec les toiles de Raphaël Collin vers 1970. AMFaR
GRENINGAIRE Émile (1859-1908)
Après des débuts dans les journaux de mode et dans la presse politique, Émile Greningaire exerce un temps ses talents de coloriste pour différents éditeurs. Puis, vers 1899, il s'installe à son compte rue Campagne Première à Paris. Il se spécialise dans les publications de luxe comme les calendriers, les affiches ou les cartes postales. Il crée notamment la célèbre « Collection des Cent » (une carte illustrée par un artiste tous les quinze jours) qui est considérée comme la plus belle de la Belle Époque : Stelein, Caran d'Ache, Willette, Robida... et des dizaines d'autres artistes ont collaboré à ce projet qui est aujourd'hui très recherché par les collectionneurs de cartes postales. La maison familiale, rue René Isidore, surplombait la ligne de Sceaux (actuel RER B). Jean, son fils, reprendra l'atelier paternel. La chapelle funéraire de la famille est située dans la 13e division du cimetière communal.
Pour en savoir plus : Les coloristes Greningaire (pdf)
Ci-contre : La maison fontenaisienne des Greningaire rue René Isidore vers 1920. A noter sur la cheminée le EG pour Emile Greningaire.
HUET Paul (1803-1869)
L'une des seules représentations connues de trois moulins à vent de Fontenay-aux-Roses est signée Paul Huet. Elle date de 1856 à une époque où ce peintre voyageur (Angleterre, Pays-Bas, Italie mais aussi de nombreuses villes françaises) vivait peut-être sur les hauteurs fontenaisiennes. À partir de 1845, Paul Huet se concentra d'ailleurs davantage sur des vues de Paris et de sa région : Saint-Germain, Meudon, Saint Cloud... Fontenay figure donc aussi à son programme avec Les Moulins de Fontenay-aux-Roses précités ou une Étude de ciel (acquise en 2004 par le Petit Palais) peut-être située sur le plateau fontenaisien. Ce peintre, ami de Delacroix, a été fortement influencé par les paysagistes anglais dans les pas desquels il a marché dès ses premiers travaux en plein air, notamment à l'Ile Seguin. Le Musée de l'Île-de-France conserve une importante série de ses paysages des environs de Paris… dont les fameux moulins fontenaisiens.
Pour en savoir plus : Historique Paul Huet (pdf)
JANMOT Louis (1821-1889)
Charles Baudelaire reconnaissait à la peinture de Louis Janmot « un charme infini et difficile à décrire ». Profondément mystique, ce natif de Lyon a été l'élève d'Ingres aux Beaux-Arts de Paris. Malgré la présentation de ses 18 toiles du cycle du Poème de l'âme à l'Exposition universelle de 1855 (à l'initiative de Delacroix), il n'a jamais pu s'imposer dans la capitale. Il a vécu au 8, rue de Bagneux [actuelle rue Marx Dormoy] dans les années 1860.
Ci-contre : Louis Janmot Portrait de l'artiste
JOBBÉ DUVAL Armand-Félix (1821-1889)
Originaire du Finistère et admis aux Beaux-Arts en 1840, Armand-Félix Jobbé-Duval a décoré plusieurs églises parisiennes (Saint Gervais, la Sainte Trinité, Saint Séverin, Saint Sulpice...). Il a aussi décoré l'ancien Parlement de Bretagne et l'Hôtel de Ville de Lyon. Mais, durant sa vie, c'est d'abord pour son implication politique qu'il a été reconnu : homme acquis aux idées de Charles Fourrier, il a participé activement aux journées révolutionnaires de 1848 et à la Commune de Paris (1870-1871). Élu du XVe arrondissement de Paris de 1871 à son décès, il a habité la rue du Plessis Piquet [Boris Vildé] dans les années 1850.
Ci-dessous : Une vue du Parlement de Bretagne décoré par Jobé Duval. AMFaR
LEBALLEUR Honoré (1866-1904)
Honoré Leballeur est un orfèvre parisien de la fin du XIXe siècle. Son atelier parisien était situé au 14, rue Rollin. Il a beaucoup œuvré sur des objets sacrés (calice, patène, ciboire...) conservés aujourd'hui dans des églises, des hôpitaux, des chapelles ou des dépôts d'art sacré de nombreuses villes de France comme Château-Thierry, Millau, Preignac, Bergues, Cluny... Il a résidé au 3, place de la Mairie dans les années 1890.
RENOIR Pierre-Auguste dit Auguste (1841-1919)
Au début des années 1870, le jeune Auguste Renoir (né en 1841) affirme ses talents artistiques au sein du mouvement impressionniste naissant. Il est de la première exposition de ce courant en avril 1874. La même année, à la belle saison, toujours à l’affut des lieux de plein air (Fontainebleau, Croissy-sur-Seine…), il suit son mécène, l’architecte Charles Le Cœur, à Fontenay-aux-Roses. Renoir y peint plusieurs portraits de la famille dont celui de Charles représenté à l’air libre devant une façade. Lors du même séjour, il peint également « Jardin à Fontenay », une œuvre achetée peu de temps après par le célèbre marchand Paul Durand-Ruel (et désormais conservée dans une collection suisse). Mais, à la suite d’une brouille, Auguste Renoir perd le soutien des Le Cœur et part pour Argenteuil retrouver Monet et Manet. Trois années plus tard, il réalisera son chef d’œuvre : le Bal du moulin de la Galette.
Pour en savoir plus : Charles Le Cœur (pdf)
Ci-contre : Jardin à Fontenay (1874)
RIBOT Théodule (1823-1891)
Né dans l'Eure et décédé à Colombes, le peintre réaliste Théodule Ribot a effectué un long séjour à Fontenay-aux-Roses : cet ami de Gustave Boudin est domicilié au 3, rue de Diane [rue qui n'existe plus aujourd'hui mais qui longeait le portail du Collège Sainte-Barbe-des-Champs] au moins de 1856 à 1859. En 1884, il n’habitait plus la commune quand, le sachant affaibli, plusieurs artistes dont Auguste Rodin et Claude Monet, participèrent à un banquet en son honneur. Son œuvre multiforme (peinture d'histoire, peinture religieuse, portrait, nature morte…) est disséminée dans plusieurs musées français et étrangers.
Pour en savoir plus : chronique du catalogue consacré à Théodule Ribot
ROYER Lionel (1852-1926)
Peintre d'histoire, né dans la Sartre et formé par Cabanel et Bougereau, Lionel Royer devrait être bien connu de tous les écoliers : son célèbre tableau « Vercingétorix jette ses armes aux pieds de César » (1899) orne en effet de nombreux manuels scolaires. Mais Lionel Royer, second prix de Rome, est aussi connu pour ses sujets religieux et mythologiques ainsi que ses compositions murales : il est l'auteur des fresques de la Basilique de Sainte Jeanne d'Arc à Domremy. Inhumé dans le cimetière communal (7e division), on ne sait quel élément le rattache à Fontenay : une adresse? (mais il n'est pas dans les recensements) un lien familial ? (mais les Royer recensés ne sont pas originaires de la Sarthe).